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Rosa
Salvatja La fleur de l’églantier, la rose qui éclot au printemps en buissons épineux aussi bien dans les sous-bois qu’en pleine lumière « L'idée de poésie comme art,
comme artisanat et comme passion, comme jeu, comme ironie, comme recherche, comme
savoir, comme violence, comme activité autonome, comme forme de vie … j'en
vois l'exemple premier chez les troubadours. » Jacques Roubaud
À la fin du XIe siècle, dans une
lumière d’aube et de renouveau printanier, surgit un mouvement poétique - à
l’époque il n’est de poésie que chantée - proprement inouï, qui rapidement se
propage des marches de l’Aquitaine à l’Occitanie puis bientôt à l’Europe tout
entière, inspirant les Trouvères de langue d’Oïl, les Minnesänger
d’Allemagne, des poètes italiens comme Dante, marquant aussi l’Espagne et
l’Angleterre. Pourtant on connaît bien mal encore
l’héritage extraordinaire que les troubadours nous ont légué sur le plan
littéraire, culturel et artistique alors qu’ils conservent le privilège
d’avoir créé un nouvel art poétique, la « Fin’amor » et d’avoir, les premiers
en Europe, haussé une langue vernaculaire à la dignité de langue
littéraire ; l’abandon du latin au profit de la langue vulgaire - langue
d’oc qu’ils nommaient limosi - lui conférant du même coup le pouvoir d’être,
en Occitanie, comprise de tous. L'oeuvre des troubadours, au-delà de
l’expression ultrafine du sentiment amoureux, offre une figure exemplaire et
originelle du poète et de son engagement, qui demeure éclairante aujourd'hui,
la reliant à ses racines antiques, à la Méditerranée, à l'Orient, au soleil,
à la douleur.
Chansons d’amour / amour du
chant : tout autant et dans le même temps qu’elles sont d’amour, les
cansos sont chansons d’amour du
chant L'ensemble Rosa Salvatja, fondé en Dordogne en 2003 par Maurice
Moncozet, concentre son travail sur l'étude et l'interprétation du répertoire
des Troubadours. Un regard attentif et curieux permet d’y découvrir
un monument du « grand chant » modal ; un monde poétique et musical « au
confluent de la poésie latine et de la poésie arabo-andalouse » qui,
dans son expression forte et originale, a su porter l'art mélodique à des
sommets, tissant des liens jusqu'aux confins du Khorassan. Fraîcheur naïve, savoir sophistiqué, ironie
décapante, jubilation, bonheur de la rime ... nouveauté des trouvailles de
ceux qui par-delà
les valeurs de sang et de naissance et de manière étonnamment subversive
plaçaient leur dame et le chant "au-dessus de tout autre seigneur",
politique ou ecclésiastique, demeurent presque palpables malgré les
recouvrements et lieux communs de 9 siècles de chanson d’amour. Tout comme se voit balayé l’anonymat de
l’artiste médiéval par le « je » éclatant d’auteurs avançant dans
une même fierté codage de la tradition et affirmation individuelle. L’ensemble réunit des chanteurs et
musiciens chevronnés, venant de tous horizons, les uns pratiquant les répertoires
médiévaux de l'Occident comme les musiques modales méditerranéennes, les
autres venant du rock, du jazz ou de la musique classique. La Rosa Salvajta est en relation de
travail avec « Le Concert dans l'Oeuf » (ensemble de musique médiévale fondé
en 1974) basé en région Rhône-Alpes, avec « Le Trob'art
Ensemble » de
Gérard Zuchetto, basé en Languedoc-Roussillon et également avec « L'Ensemble
Tre Fontane »
basé en Aquitaine (dont Maurice Moncozet fut le co-fondateur avec Pascal
Lefeuvre en 1985).
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